
La révolte d’Atlas : pourquoi gagner de l’argent n’a rien de mal.
Je ne sais pas quel rapport vous entretenez avec l’argent mais nous rencontrons beaucoup de monde autour de nous qui « n’aiment pas » l’argent. Ces gens là trouvent que les riches ne sont que des égoïstes qui devraient redistribuer leur richesse pour en faire profiter ceux qui n’en ont pas.
Et ils n’ont pas complètement tort. Mais ils n’ont pas complètement raison non plus.
Qu’est ce que l’argent ?
L’argent est un moyen d’échange. Tout simplement. C’est aussi le moyen (où ça devrait l’être) de montrer aux autres que pour avoir cet argent là, nous avons dû travailler, nous avons mis nos moyens, notre temps pour la réalisation de projets qui font avancer la société, qui donnent un plus aux autres qui ont rendu un service au gens.
Mais, je ne suis pas l’auteur le meilleur pour parler de ce que je pense. Et le pourquoi j’aborde le thème aujourd’hui, c’est que j’ai fait plusieurs lectures de romans dont certains passages disent bien mieux que moi ce que je pense. Et c’est pourquoi j’ai décidé de vous présenter les textes en question, de vous donner les extraits de ces romans qui parlent d’argent.
La révolte d’Atlas.
C’est un roman américain de plus de 1800 pages de Ayn Rand (Atlas SHRUGGED). La version que je possède a été traduite par Monique di Pieirro, bénévolement. Depuis, une version officielle est apparue : La gréve chez Amazon mais seulement pour le Kindle )
Je ne veux pas recopier toute la préface du livre mais l’auteur et ses œuvres sont passées à la postérité pour bien des générations. J’avoue que je ne connaissais pas du tout, que c’est au détour de recherches sur le net que j’ai découvert ce roman, que j’avais un doute sur sa valeur d’autant que la traduction et la mise en page font ressortir quelques fautes…. Mais tout ça est oublié au bout de quelques pages quand on rentre dans le roman, dans son atmosphère très particulière. De ces atmosphères déroutantes (récit dystopique) qui rappellent un peu « The Wall » des Pink Floyd, 1984, Fahrenheit 451 ou d’autres que j’ai vus mais qui ne me viennent pas à l’esprit…
Le but premier de cet article est de vous montrer ce qu’est l’argent. Or je suis tombé sur tout un passage dans lequel se déroule un dialogue. Il serait difficile de résumer en deux mots les personnages et l’histoire (d’autant que je me trouve bien long mais… c’est pour le suspens ! ) mais sachez que le personnage qui parle le plus, est celui (ou le symbole) que l’on veut détruire et ceux qui écoutent (pour la plupart) sont ceux qui veulent détruire une vision du monde qu’ils ne comprennent même pas.
Voici donc ce dialogue :
« Rearden entendit Bertram Scudder, à l’extérieur du groupe,
dire à une fille qui émit en retour un son d’indignation :
— Ne te laisse pas perturber par ce qu’il raconte. Tu sais, le
fric est à l’origine de tous nos maux… et il est typiquement le
produit du fric.
Rearden évalua que Francisco n’avait pu l’entendre, mais il
le vit se tourner vers eux en affichant un sourire de courtoisie
grave.
— Donc vous pensez que l’argent est la source de tous nos
maux ? dit Francisco d’Anconia. « Ne vous êtes-vous jamais
demandé ce qui est à la source de l’argent ? L’argent est un outil
d’échange, lequel ne peut exister à moins que n’existent des
biens produits et des hommes capables de produire ceux ci.
L’argent est l’expression matérielle du principe disant que les
hommes qui souhaitent conclure des affaires les uns avec les
autres doivent le faire par le biais de l’échange d’une valeur
contre une autre qui lui est égale. L’argent n’est pas l’outil des
tapeurs qui réclament ce que vous produisez avec des larmes, ni
des pillards et des chapardeurs qui vous le prennent de force.
L’existence de l’argent ne peut être que le fait des hommes qui
produisent. Y-a-t’il assez dans tout cela pour dire que l’argent est
un mal ?
Lorsque vous acceptez de l’argent en paiement de vos
efforts, vous le faites seulement par ce que vous êtes convaincus
que vous échangerez ensuite cet argent contre le fruit des efforts
de quelqu’un d’autre. Ce ne sont pas les tapeurs, les pillards, les
chapardeurs et les pique-assiettes qui donnent à l’argent sa
valeur. Pas un océan de larmes, ni toutes les armes disponibles
dans le monde qui peuvent transformer ces morceaux de papier
dans votre portefeuille en pain dont vous aurez besoin pour
survivre demain. Ces morceaux de papier, qui auraient du être
de l’or, constituent une garantie sur l’honneur–votre droit de
conserver une quantité d’énergie produite par les hommes, afin
que celle-ci ne soit pas perdue. Votre portefeuille constitue
votre déclaration d’espoir que quelque part autour de vous et
partout dans le monde, il y ait des hommes qui ne failliront pas
à ce principe moral de garantie sur l’honneur, qui est à l’origine
de ce qu’est l’argent. Y-a-t-il quelque chose là-dedans qui soit
un mal ?
N’avez-vous jamais cherché à savoir ce qui est à l’origine de
la production ? Regardez comment est fait un générateur
électrique, et dites-moi si vous pensez qu’il a été créé par les
efforts musculaires de brutes écervelées ? Essayez-donc de faire
pousser un grain de blé sans la connaissance qui vous a été
léguée par ceux qui l’ont découvert pour la première fois.
Essayez d’obtenir votre nourriture en n’utilisant rien d’autre que
le mouvement physique ; et vous apprendrez alors que l’esprit
de l’humain est à la source de tous les biens produits et de toute
la richesse qui ait jamais été produite sur Terre.
Mais vous dites que l’argent est fait par le fort aux dépens du
faible ?
De quelle force parlez-vous ? Il ne s’agit pas de la force des
armes ou de celle des muscles. La richesse est le produit de la
capacité de penser des hommes. Alors, l’argent est il fait par
l’homme qui invente un moteur aux dépens de ceux qui ne l’ont
pas inventé ? L’argent serait-il fait par l’intelligent aux dépens
des idiots ? Par l’ambitieux aux dépens du fainéant ? L’argent
est fait avant d’être volé ou chapardé–grâce aux efforts de
chaque honnête homme, de chacun à la mesure de sa
compétence. Un honnête homme est celui qui sait qu’il ne peut
consommer plus qu’il a produit.
Echanger des biens en utilisant l’argent pour ce faire est le
code de conduite des hommes de bonne volonté. L’argent
demeure l’axiome qui dit que chaque homme est le détenteur de
son esprit et de son effort. L’argent n’offre pas le pouvoir de
prescrire la valeur de votre effort, car ceci est défini par le choix
et la volonté de celui qui accepte d’échanger le sien contre le
votre. L’argent vous permet d’obtenir des biens, et il exprime la
somme de votre travail pour ceux qui veulent les acheter, et pas
plus. L’argent n’autorise aucune autre transaction, que celle du
bénéfice mutuel défini par la mise en application de
l’appréciation de ceux qui s’échangent des biens ou des services.
L’argent attend de vous l’admission que les hommes doivent
travailler pour eux-mêmes, pas pour leur propre préjudice ; pour
leurs gains, et non pour leurs pertes ; l’admission qu’ils ne sont
pas des bêtes de somme nées pour porter le poids de votre
misère ; que vous devriez leur accorder de la valeur, et non des
coups ; que le lien commun entre les hommes ne se caractérise
pas par l’échange de souffrances, mais par l’échange de biens.
L’argent existe pour vous permettre d’échanger, non pas
votre faiblesse contre la naïveté des hommes, mais votre talent
contre leur raison ; il existe pour vous permettre d’obtenir, non
pas la pire des camelottes, mais le meilleur que votre argent–
produit de votre effort–peut obtenir.
Et quand les hommes vivent de l’échange et par l’échange, et
non de l’usage de la force en temps que leur arbitre final, alors
c’est le meilleur produit qui gagne, la meilleure performance,
l’homme de meilleur jugement, la meilleure compétence ; et le
degré de production d’un homme est le degré de la récompense
qu’il en obtient en échange.
Ceci est le code de l’existence dont l’outil et le symbole est
l’argent.
Serait-ce cela que vous considérerez comme “le mal” ?
Mais l’argent n’est rien d’autre qu’un outil. Il vous
emménera partout où vous le désirez, mais il ne prendra pas les
commandes de votre véhicule. Il vous donnera les moyens de
satisfaire vos désirs, mais il ne vous fournira pas de désirs.
L’argent est la terreur des hommes qui tentent d’inverser la
loi de causalité, des hommes qui cherchent à remplacer l’esprit
par la confiscation des produits de l’esprit.
L’argent ne permettra pas d’acheter le bonheur pour
l’homme qui ne sait pas ce qu’il veut ; l’argent ne lui donnera
pas un code de valeurs s’il a tourné le dos à la connaissance de
ce à quoi il peut accorder une valeur, et il ne lui apportera pas
de but s’il a détourné le regard de ce qu’il pourrait rechercher.
L’argent ne permettra pas d’acheter de l’intelligence pour
l’idiot, ni de l’admiration pour le peureux, ni du respect pour
l’incompétent. L’homme qui tente d’acheter les cerveaux de
ceux qui lui sont supérieurs en intelligence, aux fins de le
servir ; qui tente de remplacer leur jugement critique par de
l’argent, en arrivera à devenir lui-même la victime de ceux qui
lui sont inférieurs en intelligence. Les hommes d’intelligence
déserteront ce dernier, mais les tromperies et les fraudes
viendront se coller à lui comme de la poisse, apportées par une
loi qu’il n’a pas su découvrir, et qui dit qu’aucun homme n’est
plus petit que l’argent qu’il possède.
Est-ce pour de telles raisons que vous dites que l’argent est
mal ?
Seul l’homme qui n’a pas besoin d’argent est fait pour hériter
de la fortune ; celui qui réaliserait par lui-même sa propre
fortune quelque soit l’endroit où il la commence. Si un héritier
vaut l’argent qu’il possède, alors cet argent le servira ; sinon, il
le détruira. Mais vous considérez et vous criez que l’argent a
corrompu cet homme. L’argent a-t’il pu faire cela ? Ou ne
serait-ce pas pluôt l’homme qui corrompt l’argent dont il
hérite ?
N’enviez pas l’héritier vaurien ; sa richesse n’est pas la votre,
et vous n’auriez pas mieux fait avec. N’allez pas croire que sa
richesse aurait dû être équitablement redistribuée entre vous ;
remplir ainsi le monde de misérables parasites, au lieu de
n’avoir à en supporter qu’un seul, ne ramènerait pas à la vie la
vertu morte qui fut la fortune.
L’argent est un pouvoir vivant qui tarit dès qu’il perd sa
source. L’argent ne servira pas l’esprit qui ne peut égaler sa
valeur. Est-ce pour de telles raisons que vous dites que l’argent
est mal ?
L’argent est votre moyen de survie. Le verdict que vous
prononcez à l’encontre de la source de votre survie, est le
verdict que vous prononcez à l’encontre de votre vie. Si la
source est corrompue, alors vous avez damné votre propre
existence. Avez-vous obtenu votre argent par la fraude ? En
escomptant le vice et la stupidité des hommes ? En nourissant
les naïfs, dans l’espoir d’obtenir plus que votre compétence ne
pourrait vous le permettre ? En abaissant vos idéaux et vos
valeurs ? En accomplissant un travail que vous n’aimez pas
pour des acheteurs que vous méprisez ? Si c’est le cas, alors
votre argent ne vous offrira pas un seul moment, ni pour pour
un seul penny, de joie. Alors, toutes les choses que vous
achéterez deviendront pour vous, non pas un hommage, mais un
reproche ; non pas un exploit, mais un rappel de votre honte.
Alors dans ce cas vous crierez à qui veut l’entendre que
“l’argent ne fait pas le bonheur”, et “qu’il est le mal”.
Le mal parce qu’il ne vous laisserait pas accéder à votre
amour-propre. Le mal, parce qu’il ne vous laisserait pas profiter
de votre dépravation.
Ne serait-ce pas plutôt cela qui serait à l’origine de votre
haine à l’égard de l’argent ?
L’argent demeurera toujours un effet et il refusera toujours de
prendre votre place en temps que cause. L’argent est le produit
de la vertu, mais il ne vous offrira pas la vertu, et il n’offrira
aucune rédemption pour vos vices. L’argent ne vous offrira
pas ce qui ne provient pas de l’effort, ni en matière, ni en esprit.
Est-ce cela qui est la cause de votre haine pour l’argent ? Ou
alors, n’auriez-vous pas plutôt voulu dire que c’est l’amour
pour l’argent qui est la cause de tous nos maux ?
Aimer une chose, c’est en connaître et en aimer sa nature.
Aimer l’argent, c’est savoir et aimer le fait qu’il est la
matérialisation et la représentation de ce qu’il y-a de mieux en
vous, et le passeport qui vous permet d’échanger vos efforts
contre les efforts du meilleur de ce que produisent les hommes.
C’est la personne qui vendrait son âme pour une pièce de dix
cents qui hurle le plus fort quand il s’agit de proclamer la haine
pour l’argent et, en effet, celui-là a de bonnes raisons de le haïr.
Les vrais amoureux de l’argent acceptent de travailler pour lui.
Ils savent qu’ils sont capables de le mériter.
Laissez-moi vous donner une information à propos d’un
indice de la personnalité des hommes : l’homme qui déteste
l’argent l’a obtenu de manière peu honorable ; l’homme qui le
respecte l’a gagné.
Courez pour sauver votre vie lorsque vous vous trouvez en
face de quiconque cherche à vous persuader que l’argent est
mauvais. Cette phrase est la cloche des lépreux qui signale
l’approche du pillard.
Aussi lontemps que les hommes vivront ensemble sur la
Terre, et auront besoin de moyens de se comprendre et
d’échanger les uns avec les autres, leur seul substitut, s’ils
abandonnent l’argent, sera le canon d’une arme.
Mais l’argent attend de vous les vertus les plus nobles, si
vous voulez en avoir ou le garder ; les hommes qui n’ont ni
courage, ni orgueil, ni amour-propre, les hommes qui n’ont pas
le sens moral des droits que leur offre leur argent, et ne sont pas
capables de le défendre comme ils défendraient leur vie ; les
hommes qui “s’excusent d’être riches” ; ne demeureront pas
riches bien longtemps. Ils sont les appâts naturels pour attirer
les nuées de pillards qui attendent leur instant, cachés sous les
rochers depuis des siècles, mais qui en sortent en rampant au
premier son de l’homme implorant d’être pardonné pour sa
culpabilité de posséder de la richesse. Ceux là se feront fort de
le soulager de sa culpabilité–et même de sa vie, ainsi qu’il le
mérite.
Alors vous verrez arriver la montée des hommes au code à
deux vitesses : ces hommes qui vivent de l’usage de la force,
mais qui comptent cependant sur ceux qui vivent de l’échange
de leurs efforts, afin de conserver la valeur de l’argent qu’ils
pillent et qu’ils chapardent ; ces hommes qui sont les “autostoppeurs”
de la vertu. Au sein d’une société morale, ces
hommes là sont des criminels, et les lois sont écrites pour vous
protéger contre eux. Mais quand une société établit des
criminels-de-droit et des pillards-de-droit, tous hommes qui
font usage de la force pour saisir la richesse de leurs victimes
ainsi désarmées, alors l’argent se fait le vengeur de ceux qui
l’ont créé.
De tels pillards s’imaginent qu’il ne courent aucun risque en
dépouillant ainsi leurs victimes, une fois qu’ils ont voté une loi
qui leur permet de les désarmer. Mais ce qu’ils ont pillé devient
alors le miel qui attire les autres pillards, qui le leur prennent de
la même façon qu’il a été pris. Et c’est alors qu’une course
s’ensuit, qui ne concerne pas ceux qui sont les plus habiles à
produire, mais ceux qui usent de la force avec le plus de
brutalité.
Lorsque la force devient la règle, le meutrier gagne contre le
pickpocket. Et c’est alors qu’une telle société disparaît dans une
vague de ruines et de massacres.
Aimeriez-vous savoir si la venue d’un tel jour est à craindre ?
Alors observez l’argent. L’argent est le baromètre de la moralité
d’une société. Lorsque vous voyez que les échanges se font, non
pas par consentement, mais par obligation ; lorsque vous voyez
que dans le but de produire vous avez besoin d’obtenir la
permission d’hommes qui ne produisent rien ; quand vous voyez
que l’argent coule à flot en direction de ceux qui échangent, non
pas des biens ni des services, mais des faveurs ; lorsque vous
voyez que les hommes deviennent plus riches grâce à des “pots-de-
vin” et à de l’influence, et non pas par leur travail, et que vos
lois ne vous protègent aucunement contre eux, mais, au contraire
les protègent contre vous ; lorsque vous voyez que la corruption
est récompensée et que l’honnêteté doit être le sacrifice de soi,
alors vous pouvez dire que la société dans laquelle vous vivez est
perdue.
L’argent est un si noble medium qu’il ne fait pas de
compétition contre les armes, et ne conclut pas d’arrangements
avec la brutalité. Il ne permettra pas à un pays de survivre des
principes de “demi-propriété” et de “demi-pillage”.
Chaque fois que des destructeurs font leur apparition parmi
les hommes, ils commencent toujours par détruire l’argent,
simplement parce que l’argent permet aux hommes de se
protéger, et parce qu’il est la base de leur existence morale. Les
destructeurs saisissent l’or et ne laisse à ses propriétaires qu’un
tas de papier qui n’est que fausse-monnaie. Ceci conduit à la
mort de tout standard objectif, et livre les hommes à un pouvoir
de l’arbitraire défini par une échelle de valeurs arbitraires.
L’or fut une valeur objective, un équivalent de la richesse
produite. Le papier est l’emprunt d’une richesse qui n’existe
pas, et qui est soutenue par un fusil braqué sur ceux sur lesquels
on compte pour la produire. Le papier est un chèque rédigé par
des pillards cautionnés par des lois, et prélevant de l’argent sur
un compte qui n’est pas le leur, mais celui de la vertu de leurs
victimes. Surveillez la venue du jour ou il vous reviendra
portant le tampon : “Autorisation de découvert dépassée.”
Lorsque vous avez transformé votre moyen de survie en outil
du mal, n’attendez pas des hommes qu’ils restent bons.
N’attendez pas qu’ils continuent à être moraux et à se tenir prêts
à perdre leurs vies dans le but de devenir la chair à canon de
l’amoral. N’attendez pas qu’ils produisent quand la production
est pénalisée et que le pillage est récompensé. Ne demandez
pas, “Mais qui donc est en train de détruire le monde ?” C’est
vous qui êtes en train de le faire.
Vous vous tenez au milieu des plus grands exploits de la
civilisation qui a été la plus productive de l’histoire de
l’humanité, et vous vous demandez pourquoi tout est en train de
s’écrouler autour de vous, alors que dans le même temps vous
vous en prenez après sa source de vie : l’argent.
Vous regardez l’argent comme les sauvages le firent avant
vous, et vous vous demandez pourquoi la jungle revient
furtivement en passant par-dessus les murs de vos cités.
A travers toute l’histoire des hommes, l’argent a toujours été
saisi par les pillards d’une idéologie ou d’une autre et dont les
noms changeaient, mais dont les méthodes sont toujours restées
les mêmes : saisir la richesse par la force et enchaîner ceux qui
la produisent, les avilir, les diffamer, les priver de leur honneur.
Cette phrase à propos des “maux de l’argent” qui sort de votre
bouche avec une revendication de vertu si téméraire, vient d’un
temps où la richesse était produite par le travail d’esclaves ; des
esclaves qui répétaient des mouvements jadis découverts par
l’esprit de quelqu’un, et affranchis de toute amélioration, des
siècles durant.
Aussi longtemps que la production fut assurée par l’usage de
la force et que la richesse fut obtenue par la conquête, il n’y eut
pas grand-chose à conquérir. Pourtant, à travers tous les siècles
de stagnation et de famine, les hommes ont exhalté les pillards,
les aristocrates de l’épée, les aristocrates de naissance autant
que les aristocrates du “rond-de-cuir”, et méprisé les
producteurs dont ils firent leurs esclaves : les marchands, et les
boutiquiers autant que les industriels.
Pour la gloire de l’humanité, il y a eu pour la première et
seule fois dans son histoire un pays de l’argent ; et je ne puis
payer de plus haut et plus révérend tribut à l’Amérique pour ce
qu’elle représente: un pays de raison, de justice, de liberté, de
production et d’exploit. Pour la première fois, l’esprit de
l’homme et l’argent furent rendus libres, il n’y eut pas de
fortune par la conquête, mais seulement des fortunes faites par
le travail, et, au lieu de porteurs de sabres et d’esclaves, en cet
endroit apparurent le vrai faiseur de richesses, le plus grand
travailleur, le type d’être humain le plus élevé, celui qui s’est
fait lui-même : l’industriel américain.
Si vous me demandez de nommer la plus fière de toutes les
distinctions américaines, alors je choisirais–parce qu’elle
contient toutes les autres–le fait d’être à l’origine de
l’expression “faire de l’argent”. Aucun autre langage ou nation
n’a jamais utilisé cette expression auparavant ; les hommes
avaient toujours imaginé la richesse en termes de quantité
statique–devant être saisie, mendiée, héritée, partagée, pillée ou
obtenue comme une faveur. Les Américains ont étés les
premiers à comprendre que la richesse devait être créée.
L’expression “faire de l’argent” contient l’essence de la
moralité humaine.
Cependant, cette expression fut à l’origine de la dénonciation
des Américains par les cultures en décrépitude des continents de
pillards. Aujourd’hui, le crédo des pillards vous a amené à
considérer vos exploits les plus dignes comme des lieux communs
de la honte, votre prospérité comme votre culpabilité,
vos plus grands hommes–les industriels–comme des gardes
noirs, et vos magnifiques usines comme le produit et le
propriété du travail musculaire, le travail d’esclaves qui
marchent au fouet comme au temps des pyramides d’Egypte. Le
bon-à-rien, qui minaude qu’il ne voit aucune différence entre le
pouvoir du dollar et le pouvoir du fouet, devrait apprendre à
faire la différence depuis le trou dans lequel il se cache–ainsi
qu’il le fera, je le pense.
Jusqu’à ce que–et à moins que–vous découvriez que l’argent
est la source de toutes bonnes choses, vous réclamerez votre
propre destruction. Lorsque l’argent cesse d’être l’outil grâce
auquel les hommes peuvent échanger les uns avec les autres,
alors ce sont les hommes qui deviennent les outils des hommes.
Le sang, le fouet et les fusils… ou les dollars. Faites votre
choix–il n’y en a pas d’autre–et le temps qu’il vous reste n’est
plus très long. »
Bien-sûr, ce roman est un peu manichéen… en effet, je considère quand même que certaines personnes (que d’aucun pourrait appeler des faignants) sont incapables de se débrouiller eux-même et ont donc besoin d’un soutien. Je suis donc pour une légère politique sociale… Mais, ce que je retiens de ce texte encore une fois, c’est : « qu’est ce que l’argent et à quoi ça sert ? « . Et je trouve que ce que dit Francisco est très juste et très vrai. : l’argent n’est qu’un objet d’échange, un outil. Comment se sert-on de cet outil ? C’est ça la vraie question !
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